La drague à roches

Le dragage profond est un outil particulièrement efficace et rapide pour obtenir une vision géologique d’un secteur. Lors de la mission, six dragues ont été réalisées.

Il s’agit classiquement, de traîner sur un versant d’un relief sous-marin, une drague à roches composée d’une lourde nasse métallique et d’une « bouche » d’un mètre de diamètre armée de solides dents, capable de démembrer n’importe quelle roche à son contact.

La drague reliée au navire par un câble synthétique est mise à l’eau par le portique articulé à l’arrière de celui-ci.

La drague est descendue sur le fond à la vitesse de 1 m/s. La profondeur lors de la mission a variée entre 2500 et 2800 mètres.

  • Puis elle est traînée lentement sur le fond. Lors de la mission, le trait de drague était autour de 700 mètres sur le fond sur une durée variant de 45 minutes à 1heure. Au final, entre l'arrivée et le départ de la zone, l'opération de drague dure entre 5 et 6 heures. Le navire avance alors à la vitesse de 1 nœud soit environ 2 km/h.
  • Les scientifiques suivent la descente et la remontée depuis le PC Science. Ils observent plus particulièrement la BUC ou Base Ultra Courte, qui donne les coordonnées et la profondeur en temps réel. Elle est fixée à 350 m au-dessus de la drague, ce qui permet de savoir à quelle profondeur se trouve la drague. La tension du câble est également surveillée ; il peut supporter jusqu’à 12 t.

La drague est ensuite remontée à bord et son contenu déversé sur le pont.

Le résultat est souvent spectaculaire : après une heure sur le fond à des milliers de mètres de profondeur et des tensions sur le câble, supérieures à dix tonnes, la drague remonte souvent des centaines de blocs, de tailles comprise entre cinq et quatre-vingt centimètres (tout ce qui est assez petit pour entrer dans sa « bouche » et suffisamment grand pour ne pas échapper aux mailles de la nasse), et cumulant parfois plus d’une tonne de roches.

Sur la vidéo, la drague a remonté environ 1.2 tonne de roches. Ce sont majoritairement des laves qui ont été remontées ainsi que quelques encroutements.

Une fois sur le pont arrière, la drague est sécurisée et son contenu déversé.

Les géologues sont alors autorisés à s’approcher et à inspecter le matériel remonté du fond. La chasse au trésor commence. Il faut souvent être nombreux pour observer, casser, et trier les centaines de fragments. Tout ne peut être conservé et il faut donc faire des choix, parfois difficiles. 

Les roches conservées sont triées selon leur faciès (laves, encroutements, basaltes …), leur taille et décrites avant d’être numérotées. Quelques observations macroscopiques à la loupe sont réalisées ainsi que des découpes au marteau. Elles sont ensuite conditionnées pour être étudiées dans les laboratoires au retour à terre.