Présentation scientifique de la mission GeoFLAMME

Afin de documenter cette crise et de mieux appréhender les risques, un programme d'observation national a été mis en place. Ce programme comprend l'installation de stations sismologiques et GNSS (GPS) à terre, de sismomètres fond de mer (OBS) ainsi que la programmation de campagnes à la mer pour déployer et récupérer les OBS et acquérir des données de géophysique (bathymétrie, rétrodiffusion du fond et de la colonne d'eau, sondeur de sédiment) afin de mettre en évidence des traces d'activité volcanique et sismique récente sur les fonds océaniques. Des opérations de dragages et des mesures de CTD-Rosette ont aussi été effectuées et des observations du fond ont été acquises par une caméra sous-marine tractée (SCAMPI).

Ces explorations ont permis la découverte d’une éruption volcanique majeure en cours au large de l'île avec la naissance d'un nouvel édifice volcanique de plus de 820 m de hauteur. La base du volcan est située à 3400 m, son sommet à 2580 m sous la surface de la mer. Des volumes de lave considérables (actuellement plus de 6km3) ont été émis. Des panaches acoustiques s'élevant à plus de 2000 m dans la colonne d'eau et dont la nature et l’origine précises sont inconnues pour l'instant, ont également été découverts au sommet du volcan.

Feuillet et al., Nature Geoscience, in review, pre-print.

Le projet GeoFLAMME a pour objectif de capitaliser ces premiers résultats pour mener une étude de recherche scientifique pluridisciplinaire de cette éruption majeure en réalisant des observations et des prélèvements in-situ (ROV, CTD, dragues et carottiers) et des analyses (pétrologie, chimie, biochimie) de roches, de fluides purs et de la colonne d'eau combinées à des cartographies haute résolution, mosaïques et reconstructions 3D des structures volcaniques, tectoniques et des sorties de fluides (avec le ROV et l'AUV).

  • L'objectif principal est de comprendre le contexte de cette crise volcanique majeure et notamment les interactions entre le magmatisme, la tectonique et les fluides à l'échelle de la lithosphère sur plusieurs échelles spatiales et temporelles ainsi que les implications sur les propriétés physico-chimiques de la colonne d'eau et l'évolution des écosystèmes.
  • L'étude combinée des échantillons solides, liquides et gazeux nous aidera à documenter toute la chaîne d'interactions entre les produits volcaniques, les gaz magmatiques, les circulations d'eau de mer et la colonne d'eau.

Ce projet fédère près de 70 scientifiques (dont une quarantaine embarquée) de différentes disciplines (Géochimie, Volcanologie, Tectonique, Biologie) et de différents instituts et laboratoires nationaux (IFREMER, IPGP Paris, BRGM, ISTO Orléans, LMV Clermont, GEOPS, Paris Sud Orsay, LSCE, GET Toulouse). La campagne est organisée en trois legs sur le navire océanographique Pourquoi pas ?.