16-25 mai : bassin de Manus et retour sur Woodlark

Avant d’arriver au bassin de Manus, nous avons traversé le canal Saint Georges qui sépare les îles de la Nouvelle Bretagne et de la Nouvelle Irlande.

Nous avons ajusté notre route pour cartographier les fonds sous-marins au voisinage de l’épicentre du séisme de magnitude 7.5 qui a secoué la zone  la veille de notre passage ainsi que sur les épicentres des répliques (séisme du 14/05/19 12h58 UTC, source USGS). Les données seront analysées à terre afin de vérifier les possibles déformations crées par les séismes sur le fond.

Le bassin de Manus est situé en mer de Bismarck en Papouasie Nouvelle Guinée. Il est entouré par les îles de la Nouvelle Bretagne et de la Nouvelle Irlande avec une profondeur maximale qui ne dépasse pas 2500 m.

Ce bassin a été exploré en 1995 lors de la campagne franco-japonaise MANUSFLUX (YOKOSUKA95) avec le submersible japonais Shinkai-6500 et à nouveau en 2000 avec le sous-marin Nautile lors de la campagne MANAUTE.

La zone de travail de la campagne CHUBACARC est localisée au nord-est du bassin, proche des côtes et pendant notre séjour nous avons pu observer de loin les îles et les montagnes.

Trois zones présentant des sites hydrothermaux, déjà connus, ont été visitées par plusieurs plongées ROV VICTOR pendant le leg 2 de la campagne CHUBACARC :

 ◊ la zone PACManus située sur la ride de Pual,

◊ la caldera Desmos,

◊ les trois volcans Susu Knolls.

Ces zones ont fait l’objet d’une couverture acoustique dédiée avec le sondeur multifaisceau de coque (EM122) afin de détecter, à partir de la surface de la mer, les émissions de fluides haute température qui s’échappent des cheminées localisées sur le fond. Le traitement des données acquises par le sondeur multifaisceau a été effectué avec les logiciels SonarScope et GLOBE (©Ifremer).

◊ La zone de PACManus présente plusieurs groupes de cheminées actives distribuées dans différents sites. L’écho des fluides émis par les fumeurs noirs du site nommé Satanic Mills a pu être observé depuis la surface avec le sondeur multifaisceau. Satanic Mills est situé à 1680 m de profondeur.

◊ La couverture acoustique de la caldera Desmos n’a pas permis d’identifier des échos générés par des émissions de fluides et la plongée ROV Victor effectuée n’a pas permis de localiser de zones avec des émissions de fluides importantes.

◊ Par contre, sur la zone Susu Knolls, le volcan North Su nous a réservé une belle surprise avec l’identification de deux échos très distincts localisés à proximité du sommet et correspondant à deux sites d’émission de fluides différents.

  • L’écho 1, à 1205 m de profondeur (ci-contre), a été validé par l’observation in situ avec le ROV Victor et correspond à des émissions blanches, probablement composées de dioxyde de souffre (SO2), et qui forment des nuages épais dans la colonne d’eau à une altitude supérieure à 17 m.

Ces sources d’émission sont entourées par le ruissellement sur le fond de soufre élémentaire (jaune sur la photo ci-dessous).

  • L’écho 2, à 1157 m de profondeur situé proche du sommet, correspond à des fumeurs noirs plus classiques.

Fin des opérations sur le bassin de Manus et retour à la dorsale de Woodlark, où l’écho observé lors de la première couverture acoustique avec le sondeur multifaisceau de coque en début du leg 2 a été validé in situ avec le ROV Victor. Le nouveau site hydrothermal découvert par la campagne CHUBACARC a été nommé « La Scala ». Mais ceci est la porte entrouverte pour l’histoire d’une autre campagne !